Vieux Jade – Qu’est-ce qu’un con ?
(Rédaction : Vieux Jade)
Certains mots ont une étymologie douteuse qui tient plus de la rumeur que du bon sens. Un exemple flagrant en est le mot con, l’un des plus usités de la langue française. Une rapide recherche sur Wikimachin nous ressert les vieux plats réchauffés depuis le déluge : le con est un con par assimilation au sexe féminin.
Exemple : « Con » est un mot français vulgaire qui désigne à l’origine le sexe de la femme.
Quelle connerie ! Bel exemple de misogynie, laquelle n’est que l’une des innombrables variantes de la connerie.
Brassens qui en connaissait un rayon parle d’homonymie. Même nom ne signifie pas même origine.
« Ce con a pris tout ce qu’il y avait. La male peste soit de cette homonymie. C’est injuste Madame et c’est désobligeant. Que ce morceau de roi de votre anatomie porte le même nom qu’une foule de gens. » (Georges Brassens, Le Blason)
Bien sûr, tous les cons, vous et moi, tous, naissons du sexe de notre mère, le cunnus. Mais le sexe féminin n’a rien de commun avec l’insulte quotidienne. Cet organe caché et velu a donné son nom au lapin, animal doux et timide, au nez humide dont l’élevage est la cuniculture, puis au chat, devenu la chatte en argot, laquelle aime la caresse.
Certaines villes de France portent le nom de « Cosne ». Ce toponyme décrit le con-fluent de rivières sur lequel elles ont été fondées. C’est ce fil qu’il faut dérouler pour découvrir ce qu’est réellement un con.
La préposition latine cum signifie avec et véhicule la notion d’appartenance.
De très nombreux mots français en sont com-posés. Le plus approprié à cette petite étude est le mot : com-mun.
A l’origine, ce qui est commun appartient à tous (l’air, par exemple, après la spoliation de l’eau et de la terre, et jusqu’à la taxe carbone est le dernier bien commun) ; par glissement et appauvrissement, ce qui est commun est devenu ce qui est banal, sans intérêt. Un homme du commun, des gens communs. On perçoit également dans commun la notion de troupeau.
Un com-, que j’écrirai dorénavant con, c’est quelqu’un qui, contrairement à moi, moi qui suis distingué et unique, un con c’est quelqu’un d’indifférencié, un membre du troupeau des autres, du vulgaire. Un vulgaire con, c’est un pléonasme, une redondance. Dire : une bande de cons, une foule de cons, revient à souligner l’aspect grégaire de la connerie. Vous êtes tous des cons ! entend-on parfois.
La connerie, c’est le fait de ne pas penser par soi-même. Dire une connerie, c’est émettre une opinion irréfléchie, banale, imposée par la pensée commune.
Par prudence, je ne dirai rien des communistes. Quoi qu’ils ne sont pas nécessairement plus cons que ceux du troupeau d’en face, ou des cheptels d’à côté, religieux, sectaires, sportifs, tous gavés de lieux-communs. Plasmatiques. Uniformes. Veaux. Seule change la couleur de l’uniforme.
Le con ne pense pas, il est fier et heureux d’exprimer la voix de la masse bien pensante. Plus il est con, plus il est décoré par la majorité.
La sagesse populaire dit que l’on est toujours le con de quelqu’un d’autre. Bien sûr, car chacun de nous se perçoit comme distingué et unique ; les autres sont donc forcément et par simple opposition des cons, gens du commun, gens communs incapables de saisir notre distinction, notre unicité.
Il se trouvera toujours des cons pour nous traiter de cons, même lorsque nous serons parvenus à penser par nous-mêmes, lorsque notre être sera débarrassé de toutes les scories de l’hérédité et de l’éducation. C’est inévitable. Car ces cons, dans leur irréductible connerie sont incapables de distinguer le diamant du charbon.
Le véritable problème des cons, c’est qu’ils ne savent pas qu’ils le sont, et à quel point.
Il serait donc charitable de les en avertir.
Hein, quoi ? J’ai dit une connerie ?
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